Frères Musulmans : Enquête sur la dernière idéologie totalitaire by Michaël Prazan

Frères Musulmans : Enquête sur la dernière idéologie totalitaire by Michaël Prazan

Auteur:Michaël Prazan [Prazan, Michaël]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 978-2-246-80222-8
Éditeur: Grasset
Publié: 2015-11-28T00:00:00+00:00


44.

Agé de 32 ans quand il arrive à Munich en 1958, Saïd Ramadan a un curriculum vitæ déjà bien rempli. Né en 1926 dans le delta du Nil, il n’a que 14 ans quand il assiste à son premier meeting des Frères musulmans. Il y rencontre Hassan al-Banna qui tombe sous le charme de l’adolescent et le prend sous son aile. Ramadan correspondait parfaitement à l’idéal de la jeunesse frériste, telle que se le représentait al-Banna : intelligent, éduqué, volontaire. Une carrure d’athlète malgré une taille modeste (1,67 mètre). Une force de la nature (al-Banna attachait une grande importance au développement du corps par le sport) et un esprit d’une grande vivacité. Ramadan fait preuve de célérité et s’implique dans toutes les activités de la Confrérie.

En parallèle des études de droit qu’il suit à l’université du Caire, il organise les meetings de la Confrérie, et s’impose petit à petit comme son meilleur ambassadeur à l’étranger. Ramadan est envoyé en Jordanie pour développer la branche palestinienne de la Confrérie, avant de prendre la tête des volontaires fréristes pendant la guerre israélo-arabe de 1948. Il se rend la même année au Pakistan représenter l’Organisation de la conférence islamique mondiale à Karachi où il se lie d’amitié avec Adul Ala Mawdudi, l’alter ego pakistanais de Sayyid Qutb. Quand Hassan al-Banna est assassiné par la police secrète du roi Farouk, Ramadan est un temps pressenti pour prendre sa suite. En 1946, il a épousé Wafa, la fille aînée du fondateur (elle lui donnera six enfants), ce qui renforce, en plus de son activisme tous azimuts, sa légitimité au sein du mouvement. Mais, à 23 ans seulement, il apparaît trop jeune pour prendre en charge les destinées de la Confrérie, entrée en clandestinité depuis sa dissolution par le pouvoir égyptien.

En 1952, lorsque l’étau se desserre et que la Confrérie reprend ses activités au grand jour, Ramadan diffuse les thèses de Mawdudi dans le mensuel Al-Muslimun, et fait la rencontre de Sayyid Qutb dont il partage et devance parfois les idées. Fasciné par le coup de force, habité par l’objectif de restauration du Califat islamique, Ramadan s’affirme de plus en plus comme un révolutionnaire. Il aurait encouragé, si ce n’est inspiré – comme certains le prétendent –, la rédaction de Jalons sur la route de l’islam. C’est lui qui, avec Amin al-Husseini, le Grand Mufti de Jérusalem, organise la tenue du Congrès islamique général de Jérusalem en 1953, au cours duquel Navvab Safavi fait du jihad contre « l’entité sioniste » la priorité du monde musulman. Au-delà de l’idéologie frériste dont le Grand Mufti est un soutien inébranlable, les liens entre Husseini et Ramadan, qui collaborent pendant plusieurs années, se sont noués à travers leur haine partagée du communisme.

C’est probablement cette haine qui incite Ramadan à prendre contact avec les Américains la même année. « La Maison-Blanche devait alors trancher une question urgente », rapporte le journaliste américain Ian Johnson dans son remarquable ouvrage, Une mosquée à Munich1, qui raconte dans le détail la geste méconnue de la mosquée munichoise.



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